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Le Projet

L'histoire

Reporter de guerre dans son propre pays devenu terrain d’affrontements, Marie s’apprête à traverser la ville dévastée pour rejoindre Stéphane. Dans une lettre pleine de tendresse qu’elle vient de recevoir, il lui demande d’oublier leurs années de relation orageuse, leurs querelles stériles et de le rejoindre pour vivre l’indéfectible amour qui depuis l’enfance les unit. La balle d’un snipper foudroie la jeune femme dans son élan, au milieu d’une rue désertée.
Alors elle n’a plus qu’une obsession: faire parvenir à l’homme qui l’attend un message pour lui dire qu’elle marchait vers lui…qu’elle l’aime. Reste-il un peu d’humanité au milieu des ruines ? Peut-elle encore miser sur une once de solidarité chez les ombres qui fuient le désastre autour d’elle? Un engrenage contre la montre se met subtilement en oeuvre pour que le message d’amour arrive à son destinataire et signe la défaite des porteurs de mort.
La puissance du verbe d’Andrée Chedid attise le suspense jusqu’à la dernière minute.

Les Protagonistes

Marie (Pauline Weil) Indépendante et intrépide, reporter de guerre passionnée, elle vit une histoire d’amour compliquée avec Stéphane depuis leur adolescence.
Stéphane (Clément Jacqmin) C’est un archéologue reconnu, spécialiste de sa région d’origine. Sa carrière le captive. Il aime Marie depuis l’enfance mais leurs deux caractères s’opposent.
Gorgio (Victor Lambert) Un soldat au visage d’enfant, un enfant au visage de soldat, il est de ces opportunistes à qui la guerre donne une raison de vivre. A la fois arrogant et perdu, il illustre le mystère qui sépare l’homme du
monstre.
Anya (Brigitte Biasse) Son expérience de la vie lui a donné le sens des responsabilités mais ses indignations alimentent son caractère rebelle. Avec sa compagne, Anton, elles ont tenté de résister et font partie des dernières à fuir le quartier devenu invivable.
Anton (Réjane Kerdaffrec) Sa longue pratique de la médecine génère à la fois de l’empathie vers les autres et une analyse lucide des situations. Son sang-froid rassure. Elles forment avec Anya une belle image de couple vieillissant.

Les autres personnages qui se croisent tout au long de la pièce, sont autant de symboles de l’ordre aveugle et de la soumission, de l’incompréhension et de la révolte, des souffrances et des espérances.

Scénographie

Quelque part sur cette terre... le lieu n’est pas franchement identifiable. L’action se déroule dans une ville dont il ne reste plus que des immeubles détruits et des rues désolées, encombrées de gravats, de détritus et d’objets divers abandonnés par les habitants dans leur fuite. L’occupation scénographique du plateau reproduit de façon minimaliste les différentes zones de la ville en ruine, comme autant de théâtres de scènes de guerre. L’univers angoissant qui s’en dégage est à l’image de ce que vivent les personnages, prisonniers de leur environnement. Leurs déambulations se fait au milieu d’un labyrinthe, les obstacles qui jonchent le sol sont autant de pièges et de dangers mortels potentiels. Une seule fenêtre ouverte dans cette atmosphère claustrophobe : un drap en lambeaux qui pend d’un balcon sur lequel est projeté le film des souvenirs de Marie. La seule chose que l’ennemi ne peut pas détruire tant qu’il y a un souffle de vie. Un soin particulier est porté à l’esthétique des costumes et à la concordance avec l’identité visuelle du spectacle, que l’on ne peut rattacher ni à une époque, ni à une appartenance géographique ou culturelle. Ou bien, au contraire, à tous les lieux de conflits de tous les temps.

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«Je suis ravi que la Compagnie de théâtre que j’ai créée avec d’autres passionnés de Théâtre, comme moi, continue son parcours de production avec « le Message ». L’idée de transformer ce beau récit d’Andrée Chedid en spectacle vivant, porté e par Brigitte et Réjane, ma complice de plateau depuis plusieurs années, m’a immédiatement séduit. L’adaptation est fidèle à l’œuvre originale et ma contribution au projet artistique s’inscrit dans cette fidélité. Cette création pour le prochain Festival Off d’Avignon et la saison 2025/2026 est une aventure collective enthousiasmante !»

Fabrice Drouelle, Directeur de la Cie Boulevard des Planches

Note de Mise en Scène

«Lorsque Brigitte, je ne sais plus à l’issue de quelle conversation qui nous avait conduite à parler d’André Chedid, me tend « Le Message » que je n’avais pas lu, nous n’imaginions pas que c’était le début d’une aventure. Dans une très belle analyse du roman, Antony Soron résume ainsi cette oeuvre : «Le Message a quelque chose d’une tragédie racinienne recontextualisée dans un théâtre de guerre et filmée caméra au poing». 

 

Ce qui nous a frappées à la lecture, dans ce texte « ramassé » d’un peu plus de 100 pages, c’est que l’ humanité entière défile. Ou plutôt sa part d’inhumanité. Nourrit jusqu’à la nausée d’images choc diffusées en boucle, de récits d’horreur provenant des quatre coins du monde, de notre rencontre quotidienne avec les images de désolation et de mort, notre imaginaire n’a aucun mal à les convoquer quand la plume efficace d’Andrée Chédid les évoque.


Nous voyons immédiatement le cadre. Nous comprenons instinctivement l’urgence du drame qui se noue. Marie, prisonnière de son corps supplicié, mais pleine d’amour et de vie, représente tous les sacrifiés à la violence aveugle et symbolise l’esprit de résistance contre notre déshumanisation. Pas besoin d’insister sur l’actualité d’une telle histoire. Mais pourquoi, puisque nous « baignons » déjà dedans, venir encore nous parler de ces sujets ?


Face à cette marée, une situation atroce chassant l’autre, notre réflexe de sauvegarde n’est-il pas de nous en protéger par une sorte d’insensibilité, de résignation ? Ou de détourner la tête ?
Au point de nous projeter dans des réalités virtuelles ou alternatives et de perdre pied avec le réel et la vérité.


Hors la puissance de ce récit c’est de nous obliger à regarder. Jusqu’au bout. Nous ne nous faisons pas d’illusion sur le sort de Marie et pourtant nous nous accrochons à la moindre lueur d’espoir, à la possibilité d’une fin heureuse… Nous croyons avec Andrée Chedid à la fonction « humaine » de l’artiste. Témoin, vigie, passeur de savoirs et de valeurs universalistes, nous pensons que c’est aussi un peu notre rôle en ces temps troublés.


L’adaptation théâtrale s’est imposée à nous comme une évidence. Parce que le spectacle vivant, comme son nom l’indique et mieux que le cinéma qui distancie, donne chair et respiration, il est le vecteur idéal du « Message » qu’Andrée Chedid nous a légué le devoir de transmettre. Avec poésie mais sans pathos, l’auteure convoque tous les moyens à sa disposition : la technique du scénario de cinéma, des chansons et des poèmes, des citations littéraires ou des extraits journalistiques. 

 

L’adaptation que nous avons réalisée est fidèle à cette démarche. La mise en scène s’attache à créer une symbiose entre différents modes d’expression en mobilisant la musique, la chorégraphie, la projection de photographies et d’images filmées. Le beau et l’atroce, la quiétude et la fureur, la lumière et la nuit, l’immobilité et le mouvement, l’enfermement et l’horizon, la solitude et la foule, la brutalité triviale et les élans poétiques se confrontent en permanence dans une structure esthétique que nous avons voulu particulièrement soignée.


Pour donner vie à ce projet nous collaborons avec de jeunes créateurs : plasticien, scénographe, architecte, chorégraphe, compositeur, vidéaste, couturier… L’un de nos souhaits c’est que ce spectacle soit également largement diffusé auprès d’un public scolaire, à partir du collège.»

 


Réjane Kerdaffrec & Brigitte Biasse

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